Nous continuons notre série d’articles sur l’IA et ses impacts, notre attention s’est portée sur une enquête de Fabien Benoit “Dissiper le mirage du cloud” sur l’organisation de résistance civile face à la multiplication de projets de Data Centers pour assurer le développement fulgurant de l’IA.
“Le besoin de calcul informatique pour l’IA a été multiplié par un million en 6 ans, et il décuple chaque année” a déclaré Sundar Pichai, le patron de Google en mai 2024.
On compte 5000 Data Centers dans le monde :
- 2700 aux États-Unis
- 3000 environ en Europe
- Dont 1000 dits “hyperscale” c’est-à-dire de très grande taille appartenant aux géants du numérique (Google, Meta, Amazon, Microsoft...)
Google a révélé prélever 28 milliards de litres d’eau en 2023, dont les 2/3 pour refroidir les Data Centers.
Des collectifs de citoyens et citoyennes résistants se sont formés dans des pays ou région déjà lourdement touchés par le stress hydrique.
- En Espagne, dans la ville de Talavera de la Reina, le collectif “Tu nube seca mi rio” (ton nuage assèche ma rivière) s’oppose au projet de la maison mère de Facebook d’implanter le plus grand DC d’Europe. Ce DC prélèverait 511 millions de litres d’eau /an (essentiellement de l’eau potable) dans le fleuve Tage déjà sévèrement mis à mal par l’agriculture intensive.
- Au Chili à Cerrillos, dans la banlieue de Santiago, le collectif Mosacat s’est opposé au projet de Google de construire le plus grand Data Center d’Amérique latine qui prévoit d’engloutir 169 litres d’eau par seconde, 24h/24, 7j/7.
- En Uruguay, un autre projet de Data Center de Google aurait nécessité autant d’eau que la consommation quotidienne de 55 000 personnes (rappel : depuis mai 2023, plus de la moitié des habitants de l'Uruguay, soit 1,7 million de personnes, doit se contenter d'une eau salée).
- En France, à Marseille, l’association La Quadrature du Net et des citoyens regroupés en collectif “le nuage était sous nos pieds” enquêtent sur 2 projets de Data Centers de la multinationale Digital Reality, qui détient déjà 3 centres de données dans la ville, et cherchent à lever le voile sur les volumes d’eau prélevés.
La consommation d’eau n’est pas le seul impact puisque les Data Centers sont aussi très voraces en électricité.
Un rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) prévoit que leur consommation électricité, devrait doubler en 2026 en raison de l’essor de l’IA. Une requête sur ChatGPT consommerait 10 fois plus qu’une recherche sur Google.
La contestation de ces collectifs est systémique, car au-delà des DC, ils dénoncent toute la chaîne : l’extraction des métaux critiques nécessaires à cette industrie, les modèles publicitaires reposant sur le ciblage comportemental, la surveillance algorithmique…et au final, ils interrogent l’utilité collective de toutes ces données stockées !