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La formation, le levier pour transformer les métiers de demain

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L’urgence d’appréhender les métiers de demain face à la situation actuelle est le maître mot de The Shift Project dans leur rapport publié en novembre 2022. Le think tank propose pour réussir cette transition de se former grâce à une méthodologie et des apports pratiques applicables par tous. On a résumé pour vous ce rapport ! 

Un constat : 

Les métiers de la communication, marketing et de la gestion sont des métiers en mouvement avec des pratiques bien ancrées qui participent à cette société de consommation. Ces pratiques nécessitent d’être bouleversées. 

Face à l’urgence climatique, il est primordial d’interroger nos métiers et leur place dans cette situation. Selon le rapport Mobiliser l’enseignement supérieur pour le climat par The Shift Project en 2019,  6% des formations en management abordaient les enjeux écologiques dans des cours obligatoires en 2019. Des chiffres qui étonnent d’autant plus par le rôle décisif de ces métiers dans la transition écologique. 

D’un point de vue global, tous les acteurs de la société doivent se rendre compte de leurs impacts sur leur environnement qui cause ce dérèglement climatique. 

D’une part, les professionnels doivent considérer leur responsabilité dans la transition écologique et faire évoluer leurs métiers pour allier pratiques professionnelles et environnement. De l’autre, les étudiants doivent appréhender cette responsabilité dans leurs futurs métiers. 

Il est précisé dans le rapport que : “prendre en compte les contraintes physiques et leurs effets sur les sociétés implique de repenser et de réinventer nos modèles économiques et suppose des transformations profondes de nos modèles de société d’où l’importance de la formation”. 

Précisément, le rapport de The Shift Project articule plusieurs acteurs qui doivent mener cette transition  : 

L’État : encadrer pour impulser 

L’État doit fournir un cadre adapté en poussant en faveur de l’intégration des enjeux écologiques dans les formations au niveau national affirme le rapport. 

Pour cela, il faut donner les moyens financiers et humains aux établissements publics pour engager leur transition (moyens estimés à 3 % du budget de fonctionnement des établissements pendant au moins 3 ans).

Les entreprises : qui témoignent et accompagnent 

L’accélération de la transition écologique des entreprises est un levier puissant pour encourager la transformation des enseignements. 

Les évolutions dans les entreprises sur l’intégration des enjeux environnementaux (RSE, critères environnementaux, ESG etc) et la détermination des employeurs à recruter des professionnels spécialisés dans ces enjeux écologiques témoignent d’une volonté de faire changer les choses. Cet engouement est également percevable chez les salariés en poste et les jeunes diplômés : 

  • 91 % des salariés considèrent que la transition écologique est un sujet important dans les entreprises françaises en général, et 43 % le jugent prioritaire
  • 78 % des salariés choisiraient, à offre équivalente, de rejoindre une entreprise engagée pour la transition écologique
  • 56 % des étudiants de grande école se disent prêts à refuser un poste dans une entreprise qui manque d’engagement social ou environnemental et 39 % des alumni se disent prêts à démissionner de leur entreprise si elle manque d’engagement social ou environnemental

Néanmoins, il y a une marge de progression qui est encore à réaliser. Malgré une dynamique positive, il reste encore de nombreux enjeux qui ne sont pas abordés et qui requièrent de nouvelles compétences et connaissances (par exemple : les impacts des activités des entreprises sur la biodiversité). 

De plus, certaines entreprises, qui n’abordent pas ses enjeux écologiques, n’arrivent pas à anticiper l’évolution dans leurs filières et métiers. Pourtant, ce sont elles qui ont des attentes précises envers les futurs jeunes diplômés. Si elles ne formulent pas de besoin autour de ces enjeux, il y aura plus de mal à les intégrer dans les cursus universitaires. 

En outre, elles doivent également faire un effort sur leur modèle économique, les transformer pour réduire les pressions écologiques.

Les recommandations de The Shift Project  : 

  • Intégrer les enjeux écologiques dans la stratégie d’entreprise
  • Faire part de leurs besoins en formations initiales et continues intégrant les enjeux écologiques
  • Conditionner l’attribution de leur taxe d’apprentissage
  • Financer ou co-financer des chaires de recherche sur les sujets liés aux enjeux écologiques
  • Offrir des stages sur des sujets liés aux enjeux écologiques.

Les établissements d’enseignement supérieur : impulseur de cette démarche 

Autrement dit, les établissements doivent avoir une ligne directrice pour intégrer ces enjeux dans leur démarche qui de : “former les personnels, redéfinir la stratégie d’établissement, organiser une concertation pour définir un socle commun de compétences commun, piloter l’intégration de ce socle dans tous les programmes, collaborer avec les autres établissements pour avancer plus vite” indique le rapport.

La formation des futurs acteurs de la planète est entre les mains des établissements. C’est grâce à eux que les étudiants se questionnent sur les sujets et enjeux en lien avec leurs futurs domaines d’activités.  Cette place dans le développement intellectuel des jeunes justifie l’intégration de ces enjeux aux formations. 

En ce moment, l’enseignement supérieur en gestion est un secteur en pleine prise de conscience qui se positionne progressivement sur ces enjeux. Cependant, en 2021, seules 16 % des écoles de commerce déclaraient avoir la volonté de former 100 % de leurs étudiants et étudiantes aux enjeux de transition écologique. (Source : Pour un réveil écologique)

Pourquoi ? Pour plusieurs raisons : 

  • La politique d’encadrement de ces enjeux est limitée et peu accordée.
  • Les accréditations et classements qui prennent peu voir pas en compte les enjeux écologiques et donc ont une faible portée dans la considération des étudiants qui laisse place à une évolution
  • De plus, la concurrence qu’apportent les accréditations laisse peu de place à l’intégration de ces enjeux. 

Mais une évolution est aussi en cours, selon le rapport : “En mars 2022, France Universités, la Conférence des grandes écoles (CGE) et la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs (Cdefi) ont lancé un appel commun pour que la transition écologique, énergétique et sociétale devienne une priorité nationale déclinée par les établissements d’enseignement supérieur, en insistant sur la nécessité de former 100 % des étudiants de niveau bac+2. Ces deux organismes ont également créé le label DD&RS (Développement durable et responsabilité sociétale) qui a contribué à l’intégration de ces enjeux dans les réflexions et actions des établissements”

Les recommandations de The Shift Project : une transformation étape par étape 

  • Étape 0 : Engager les premières actions = Agir dès maintenant pour intégrer des enjeux écologiques dans ses enseignements grâce à des actions simples à mettre en place en attendant de se doter d’une stratégie d'établissement à la hauteur des enjeux
  • Étape 1 : Définir la stratégie d’établissement collectivement qui donne une place importante aux enjeux écologiques
  • Étape 2 : S’organiser et se former pour transformer (COPIL/GT)
  • Étape 3  : Dresser un état des lieux : analyser les formations actuellement dispensées au prisme des enjeux écologiques et regarder dans quelle mesure elles répondent aux objectifs fixés par l’établissement
  • Étape 4 : Élaborer un programme pédagogique
  • Étape 5 : Mettre en œuvre le programme pédagogique = former les étudiants
  • Étape 6 : Assurer l’employabilité des diplômés à long terme = Faire un lien pertinent entre l'enseignement et des métiers qui devront s’adapter aux conséquences planétaires et ses impacts
  • Étape 7 : Faire évoluer la recherche et le campus`

Les enseignants : se former pour former 

Selon un sondage réalisé dans le cadre de ce rapport sur la base de 489 réponses d’enseignants issus de près de 30 établissements, écoles de management, IAE et universités : 

  • 53% des enseignants déclarent avoir besoin de temps pour intégrer davantage les enjeux écologiques à leurs cours
  • 43% déclarent avoir besoin de formation (il y a un réel manque d’enseignement des enjeux liés aux limites planétaires dans l’enseignement supérieur en France suite au rapport du Shift en 2019)
  • 42% déclarent avoir besoin d’échanges avec leurs pairs

Cependant, cette intégration relève d’un vrai défi pour eux pour plusieurs raisons : 

  • manque de temps,
  • manque de moyens financiers et de reconnaissance de leur activité d’enseignement,
  • demande une remise en question approfondie des enseignements qui appelle à un travail d’extension disciplinaire,
  • d’adapter leur pédagogie aux sujets traités. 

Ainsi, pour de nombreux enseignants il est nécessaire de repenser non seulement les contenus, mais également les méthodes pédagogiques. 

Remarque:

The Shift Project a mis en place une plateforme pédagogique collaborative : enseignerleclimat.org pour faciliter le partage d’expérience et de ressources entre enseignants sur ces enjeux écologiques. 

Les recommandations de The Shift Project :

  • S’impliquer dans les actions collectives en lien avec les enjeux écologiques
  • Se former pour mieux former les étudiants aux enjeux écologiques
  • Soutenir les étudiants pour interroger et enrichir les enseignements dispensés au regard des enjeux écologiques
  • Orienter sa recherche sur les enjeux écologiques (pour les enseignants-chercheurs)

Les étudiants : les premiers concernés et mobilisés 

C’est une vérité, la thématique de l’écologie est un sujet qui concerne une majorité de jeunes, d’autant plus que le changement climatique les affecte vraiment. D’après une enquête menée auprès 10 000 d’entre eux, 75 % des jeunes considèrent leur avenir comme « effrayant » en lien avec le changement climatique, 60 % sont « très » voire « extrêmement » inquiets, 45 % d’entre eux déclarent que leur « éco-anxiété » se manifeste dans leur vie quotidienne (REFEDD, « Consultation Nationale Étudiante 2020 », novembre 2020) 

Ces émotions les poussent à se mobiliser pour la cause. 

Conséquences : il y a eu une  évolution de l’enseignement supérieur en France par le  mouvement de refus fréquent de la part des étudiants de  travailler dans des instances ayant des forts impacts négatifs sur la planète. 

Or, la réalité montre que cette mobilisation est faite par une minorité : les étudiants en école de management sont parmi ceux qui se déclarent les moins concernés par le sujet climatique. 

Face à ce mouvement, les établissements doivent intégrer avoir une communication ascendante de la part des étudiants et les étudiants doivent s’impliquer  pour que ces enjeux soient intégrés. S’ils se sentent perdus ou ne savent pas comment s’y prendre, le collectif Pour un réveil écologique met en place des dispositifs pour aider les étudiants à prendre la parole sur ces sujets et les guider dans la mise en place de ces enjeux.

Les recommandations de The Shift Project :

  • S’impliquer dans les actions collectives en lien avec les enjeux écologiques
  • Faire remonter ses attentes aux enseignants
  • Se former et mobiliser l’ensemble des étudiants (se former soi-même et aussi organiser activités de sensibilisation)

En définitive, les étudiants doivent intégrer ces enjeux écologiques dans ce que sera leur futur métier (les comprendre, les appréhender, s’informer régulièrement). 

Les compétences du “manager citoyen” (terme employé dans le rapport de The Shift Project) est d’adopter une approche systémique, interdisciplinaire et éthique en traitant les éléments d’un problème dans leur ensemble grâce à la mobilisation de différents champs disciplinaires. 

Lors de l’événement Reboot 2022, l'intervention de Jean-Marc Jancovici sur un plan pour transformer la communication accompagné de Antoine Trouche du collectif Pour un réveil écologique aborde le bien-fondé de l’état actuel des choses et de ses propres positions et opinions en tant que communicant. Il donne l’exemple des SUV qui lors d’une analyse pour le shift se rendent compte qu’il y avait plus de pub de SUV que de SUV qui roulent en Europe. Le discours parmi les communicants est que tant que le produit est licite, légal, il n’est pas indispensable d'interdire le SUV. 

Il conseille qu’en tant que communicant, il faut :

  • Faire la différence entre le légal et moral (c’est légal de faire pub pr SUV mais ce n'est pas moral au vu de son impact planétaire)
  • Arriver à distinguer les pubs normatives (celles avec des mots comme vert ou responsable) 

Il faut arriver à distinguer si c’est nécessaire ou superflu (ici se pose la question du jugement de valeurs). Une formation à la communication responsable guide les étudiants afin qu’ils se posent la question. 

La finalité pour la suite : 

  • Comment ma compétence va me permettre de détecter que je fais quelque chose qui contribue à des impacts planétaires ?
  • Comment ma compétence va me permettre de faire changer les choses ? 

Reboot

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